Fortuna, personnification de la chance
Fortuna, dans la mythologie romaine, personnification de la Chance et du Hasard, assimilée à la Tyché grecque et, tardivement, à l’Isis égyptienne.
Déesse italique très ancienne, Fortuna est d’abord considérée comme une divinité de la fertilité, dispensatrice de prospérité, avant d’être progressivement associée au hasard. Respectée, voire redoutée, elle a une emprise sur toutes les activités humaines quotidiennes, les entreprises et les voyages. Selon certains fille aînée de Jupiter (Fortuna primigenia, qui a son temple à Rome sur la colline du Quirinal), selon d’autres nourrice de celui-ci, Fortuna est également associée au dieu Fors, incarnation masculine du principe de hasard. Le couple qu’ils forment, Fors Fortuna, est peu à peu vénéré comme une divinité unique.
Culte
Le culte de Fortuna apparaît dans le Latium, à Préneste et à Antium — où ont été découverts ses plus anciens sanctuaires —, avant de se répandre à tout l’Empire romain. À Préneste, on utilise pour la consulter de petites tablettes de divination gravées, les sortes. Selon la légende, son culte aurait été introduit à Rome par Servius Tullius, fils d’esclave ayant vécu une irrésistible ascension sociale jusqu’à devenir le sixième roi de Rome, que la déesse aurait aimé ou dont elle serait la mère. Elle est vénérée sous de nombreux noms, et chaque empereur a sa propre Fortuna. Le peuple romain possède également la sienne, Fortuna publica populi romani. Sous le règne de Sylla, alors que le culte d’Isis est instauré, Fortuna est assimilée à cette dernière.
Représentation
Fortuna est habituellement figurée tenant un gouvernail dans une main parce qu’elle dirige la destinée du monde, et une corne d’abondance dans l’autre car elle peut être dispensatrice de bienfaits. Elle est cependant le plus souvent aveugle ou se présente les yeux bandés, car cette distribution s’effectue au hasard. Elle se tient parfois près d’une roue symbolisant la dimension aléatoire des destinées humaines, représentation courante au Moyen Âge pendant lequel la figure de la déesse se maintient. Cette roue de la Fortune se retrouve d’ailleurs dans le tarot de Marseille.